Avoir la foi, ce n’est pas un parcours sans faille. C’est un apprentissage, une expérience de la vie. Croire en l’Univers n’a pas toujours été aussi simple pour moi. Je dirais même plus, depuis l’enfance jusqu’à jeune adulte, le seul mot « Dieu » suffisait à me hérisser le poil.
A 8 ans, j’ai refusé catégoriquement de faire mon catéchisme. Moi qui avait perdu mon père à l’âge de 5 ans, comment pouvait-on me demander de croire en un vieux bonhomme barbu là-haut qui trouvait ça bien d’emmener mon papa loin de moi ?
En grandissant, pour mon moi cartésien et buté, au mieux, soit il n’existait rien du tout là-haut et nous étions destinés à nous débrouiller tout seul sur Terre, soit au pire il existait un Dieu très cruel et sadique qui ne méritait donc pas qu’on l’honore.
Bref. Avoir la foi en Dieu revenait pour moi alors à être un grand naïf qui croit au Père Noël. Ou un masochiste. Ou les deux.
Malgré tout, quelque chose en moi aurait voulu croire en quelque chose de positif, une aide extérieure, une énergie plus forte que nous… mais rien n’y faisait. Chacune de mes tentatives d’intéressement à une religion se terminait irrévocablement par un refus catégorique de croire.
Puis, un jour, j’ai rencontré une thérapeute holistique dont la foi transparaissait sans borne. Elle me dit un jour :
« Tu sais quoi ? Oublie Dieu.
Oublie ce mot. Oublie ce terme. On s’en contre-fiche.
Oublie les prières et les formules toutes faites. Si tu te retrouves pas là-dedans, tu n’as pas à te forcer, ça ne servirait à rien.
Si tu as besoin de t’adresser à quelque chose, pourquoi tu ne t’adresserais pas aux Energies de l’Univers ? Ou peu importe comment tu le formules. Les mots, finalement, on s’en fout, tant que l’intention est là.
Si tu as besoin d’aide de là-haut, fais-le comme tu le sens. Comme tu parlerais à un ami. Dis-leur « s’il-vous-plait », dis-leur « merci », car la gratitude, c’est important. Mais le reste n’en a pas.
Adresse-toi à eux, à qui tu veux, à voix haute. Et vois ce que ça donne. »
J’ai écouté son discours avec un sourire ironique au bord des lèvres et moult roulements d’yeux.
Mais un jour, j’ai arrêté de rire.
C’était pendant mon deuxième semestre de l’année 2013. En très bonne étudiante que j’étais qui se mettait une pression monstre, chaque partiel devenait une question de vie ou de mort.
En cette période de révisions, j’étais en train de me rendre malade. Le stress avait envahi chaque fibre de mon être au point de me paralyser moralement… et presque physiquement.
J’étais au fond du trou.
Je ne voyais plus le bout du tunnel.
La dépression me guettait.
Je n’avais plus rien à perdre.
Alors, seule dans ma chambre étudiante de 9m², à voix haute, j’ai commencé ainsi…
« Anges gardiens, énergies de l’Univers, ou quiconque qui m’entendez, bonjour »
De cette formule bizarre, j’ai laissé couler la plus désespérée des demandes d’aides que j’ai pu faire de ma vie.
Et la plus sincère.
Celle qui venait du cœur.
Mais mon cerveau rationnel n’était pas bien loin. Alors j’ai fini ma prière ainsi :
« Ecoutez, vous me connaissez, depuis le temps, vous savez que je suis ultra cartésienne et que je vais sûrement trouver un moyen de tout rationaliser si vous m’aidez. Alors, pour m’éviter cela, s’il vous plait, vous pourriez m’envoyer un signe ? Un truc simple et clair, que je ne pourrais pas louper ? Je ne sais pas, des plumes, des petites pièces par terre, que sais-je encore ! Mais quelque chose qui m’empêchera de douter. Et je saurais alors que vous m’avez entendue. »
Et puis, les jours passèrent. Je tentais plusieurs fois d’adresser mes prières, toujours avec la même formulation. Pas de réponse.
De mes demandes désespérées ne restait plus qu’un certain agacement envers ma naïveté.
Moi, en venir à ces mesures ! Et dire que j’ai failli y croire…
Et pourtant… Il y avait un petit quelque chose qui avait changé.
Une pièce, sur le chemin de mon université.
Une pièce qui restait désespérément là, sans que personne ne la ramasse.
Un doute insidieux dans mon esprit.
Alors, un jour, je me suis décidée à la prendre.
Et à récupérer toutes les nombreuses autres qui ont suivies.
A chaque prière, une pièce.
A chaque voeu exaucé, une pièce.
A chaque merci que je leur adressais, une pièce.
J’ai eu mon semestre avec brio. Et tous les suivants. Et tout ce que je demandais.
J’ai eu une boite pleine de pièces rouges.
Et j’ai trouvé la foi en mon cœur.
Ce n’était pas un grand événement qui m’a ouvert les yeux.
Ce n’était pas un miracle qui m’a donné la certitude que nous ne sommes pas seuls.
C’était une pièce de 5 centimes dans la boue.
Un petit rien. Un petit quelque chose de plus. Un brin de magie dans le quotidien.
Et un nouveau regard sur la vie : « Demandez, et vous recevrez. »
Sophie Remise
